Le Gard et les inondations, une longue histoire
"Il y a toujours eu des inondations dans le Gard, et il y en aura toujours"
ont touché le Gard depuis la moitié du XIIIème siècle. L'équinoxe d'automne représente la période la plus critique avec près de 75% des débordements.
On sait par exemple que 3 crues exceptionnelles du Gardon se sont produites entre 1400 et 1800 ap. JC, laissant des traces dans une grotte située à plus de 17 mètres au-dessus du niveau de la rivière, entre le pont Saint-Nicolas et le pont du Gard ! À titre de comparaison, l’inondation « qualifiée d’exceptionnelle » de septembre 2002 n’a pas dépassé les 14 mètres. Ainsi, la notion de crue exceptionnelle est relative car des événements d’ampleur équivalente, voire supérieure, se sont déjà produits dans le passé.
Carto BV
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Les principales crues dans le Gard d'hier à aujourd'hui
Dates | Bassin versant | Bilan |
17 /09/1226 | Rhône | Crue désastreuse |
11/10/1861 | Gardons et Cèze | 107 communes sinistrées |
26/27/09/1933 | Gardons, Vidourle et Cèze | 39 communes citées, 7 victimes |
30/09 et 4/10/1958 | Gardons, Vidourle et Cèze | 45 communes sinistrées, 35 victimes |
3/10/1988 | Vistre, Cadereaux, Gardons et Vidourle | 76 communes sinistrées, 9 victimes, 686 020 € de dégâts |
8-10/09/2002 | Gardons, Vidourle, Cèze, Vistre, Rhône | 299 communes sinistrées, 22 morts, 830 millions d’euros de dégâts |
14/12/2003 | Rhône | 37 communes sinistrées, 1 mort, 300 millions d’euros de dégâts |
6-9/09/2005 | Vistre, Rhôny, Cadereau, Gardons | 86 communes sinistrées, pas de victime, 27 millions d’euros de dégâts |
Septembre à Novembre 2014 (17-20/09, 29/09, 09-14/10 et 14/11//2014) | Gardons, Cèze, Hérault, Vidourle, Vistre | 172 communes sinistrées, 5 victimes |
12-13/09/2015 | Cèze, Gardons, Hérault | 30 communes sinistrées, pas de victime |
19-20/09/2020 | Gardons, Hérault | 26 communes sinistrées,2 décès, 26 millions de dégâts (dont 6 sur les biens non assurables des collectivités) |
14-16/09/2021 | Vistre, Vidourle,(Gardons, Rhône) | 51 communes sinistrées, pas de victime |
03/10/2021 | Vistre, Rhône, Cèze ,Gardons | 27 communes sinistrées, pas de victime |
Facteurs clefs et types d'inondations dans le Gard
Bien que le climat et les pluies intenses soient les éléments clefs des inondations, la diversité du relief, des paysages et du réseau hydrographique gardois soumet le territoire à différents types d’inondations.
Le phénomène cévenol
Le département est particulièrement exposé aux pluies dites méditerranéennes dont les précipitations peuvent être très intenses (jusqu’à 200 mm par heure) et les cumuls très importants (plus de 300 mm sur l’épisode). Les épisodes méditerranéens résultent de conditions météorologiques particulières : l’air humide et chaud en provenance de la Méditerranée va rencontrer l’air très froid en altitude sur les Cévennes notamment. L’atmosphère devient très instable et orageuse.
Ces évènements peuvent se produire toute l’année, mais restent toutefois plus présents à l’automne.
Le saviez-vous ?
Le record national de pluviométrie enregistré est gardois avec 950 mm en 24 heures à Valleraugue en 1907. Longtemps contesté ce chiffre a été récemment réintroduit dans les chroniques par Météo-France après une analyse des témoignages archivés de l’époque.
Les plus fortes valeurs de pluies relevées en 24 heures dans le Gard dépassent les 600 mm (600 mm étant l’ordre de grandeur de la quantité moyenne annuelle de la pluie relevée à Paris).
- 687 mm en 24 heures à Anduze en 2002.
- 140 mm en 2 heures à Alès en 1958.
- 420 mm en 8 heures à Nîmes en 1988.
Ces pluies intenses engendrent également des augmentations significatives de débit des cours d’eau :
- Le Gardon a atteint 2500 m3/s en 1846 à Alès et 7000 m3/s à Ners en 2002.
- Le Vidourle, à Sommières, 1800 m3/s en 1958 et 2550 m3/s en 2002.
- La Cèze 2000 m3/s à Bessèges en 1890 et 3100 m3/s à Bagnols en 2002.
- Les cadereaux de Nîmes 500 m3/s en 1988.
- Le Rhône 13 000 m3/s en 1856 et 11 500 m3/s à Beaucaire en 2003.
Les différents types d'inondation dans le Gard
L’inondation par ruissellement
Lorsque les sols sont saturés, imperméabilisés, gelés ou trop secs, l’eau n’y pénètre plus et se répand sur le sol occasionnant des écoulements plus ou moins organisés (fossés, talwegs, cadereaux) importants et souvent rapides.
Les inondations par ruissellement sont générées sur des petits bassins versants rendant ainsi l’avertissement des populations très difficile, voire impossible selon la nature de l’évènement météorologique. Elles engendrent ainsi des risques humains et économiques considérables, du fait notamment des forts courants, du transport de matériaux pouvant créer des embâcles. L’opacité de l’eau (turbidité) ne permet pas de voir les trous et rend tout déplacement très dangereux.
L’inondation à montée lente
Les inondations de plaine se produisent lorsque la rivière sort lentement de son lit et inonde la plaine pendant une période relativement longue. Il s’agit notamment de la crue du Rhône.
L’inondation à montée rapide
L’inondation à montée rapide
Lorsque des précipitations intenses tombent sur un bassin versant, les eaux ruissellent et se concentrent rapidement dans le cours d’eau engendrant des crues rapides, brutales et violentes. La crue charrie des matériaux (sédiments, bois morts ..) pouvant entraîner la formation de « barrages », appelés embâcles, qui, s’ils viennent à céder, libèrent une vague pouvant être très dangereuse voire mortelle.
L’inondation par submersion marine
L’inondation par submersion marine
Il s’agit d’une inondation temporaire de la zone côtière par la mer dans des conditions météorologiques extrêmes, pouvant cumuler dépression atmosphérique, vent violent, forte houle, associés aux phénomènes marégraphiques provoquant une élévation du niveau moyen de la mer et aggravés lorsque ces phénomènes se conjuguent à l’occasion d’une tempête.
L'inondation par remontée de nappe
L'inondation par remontée de nappe
Après une ou plusieurs années pluvieuses, il arrive que la nappe (masse d’eau contenue dans le sol) affleure le terrain et qu’une inondation spontanée se produise. On parle alors d’inondation par remontée de nappe phréatique. Ce phénomène concerne les terrains bas ou mal drainés. Sa dynamique lente perdure plusieurs semaines. On rencontre ce phénomène en Camargue essentiellement.