Adapter l’existant : un facteur de résilience

Réduire la vulnérabilité c’est non seulement adapter les constructions et /ou activités mais aussi s’organiser pour faire en sorte de limiter les conséquences négatives d’une inondation. Le volet organisation sera traité dans la rubrique les principaux outils opérationnels de gestion de crise

Outre la sécurité des personnes, les conséquences des inondations sont importantes non seulement sur le bâti (logement, bâtiments publics ..), les activités économiques, les services publics mais aussi sur l’environnement et le patrimoine culturel.

Réduire la vulnérabilité : Pourquoi ?

Des aléas certains et des enjeux importants 

Même s’il peut y avoir des interruptions plus ou moins longues entre les crues, le Gard reste fortement exposé aux inondations. Outre les 39 % de la population qui réside en zone inondable, nombreux sont les enjeux présents en zone inondable : bâtiments publics (écoles, collèges, lycées, mairies ..), ERP (Etablissements Recevant du Public), équipements publics (plus de 122 stations d’épuration ..), activités économiques (50 % des activités économiques hors agriculture..), campings mais aussi

42
%

des établissements scolaires dans le Gard (soit 318) sont implantés en zone inondable dont 39,3 % en zone d’aléa très fort à fort et 28 % en aléa modéré (source Noé 2023)

60
%

des lycées sont implantés en zone inondable, 46 % des collèges, 47% des écoles maternelles et 36% des écoles élémentaires (source Noé 2023)

Depuis 2003,  plus 374 bâtis ont été délocalisés du fait de leur situation particulièrement dangereuse au regard des inondations. Ainsi quelques 1 000 personnes ont été soustraites au risque inondation. 

Cependant, tout ne peut être délocalisé hors de la zone inondable...

Retour sur quelques évènements marquants

  • Inondation de septembre 2002: 22 décès, plus de 1 000 hélitreuillages ont été opérés, plus de 7 000 logements ont été sinistrés. Les dégâts ont été de l’ordre de 830 millions d’euros. 
  • Inondation de 2014 (3 évènements) : 132 communes sinistrées, 60M€ de dégâts sur les biens non assurables des collectivités. 
  • Inondation de septembre 2020 : 26 communes sinistrées, 2 décès, 26  M€ de dégâts dont 6 M€ sur les biens non assurables des collectivités.
  • Inondation de septembre 2021 : 48 communes sinistrées, des coupures majeures de réseaux A9, RN113, voie ferrée. Plus de 120 personnes ont dû être secourues dont 50 hélitreuillages. Des bâtiments publics endommagés (collèges, lycées..), mais aussi des logements avec plus d’1m50 d’eau et des zones d’activités économiques sous l’eau.

Un système assurantiel qui a ses limites

Le régime des Catastrophes Naturelles (CATNAT) instaurés en 1982, repose sur le principe de solidarité nationale, chacun y contribuant au travers de sa cotisation assurance habitation et véhicule (sauf assurance au tiers).

Ce fond, contribue non seulement à indemniser les sinistres reconnus, mais finance aussi la politique de prévention des risques via le Fonds de Prévention des Risques Naturels Majeurs (FPRNM)Face aux coûts des dommages croissants et l’accélération nationale des efforts de déploiement de la politique de prévention des risques, une rationalisation de l’utilisation voire une réforme du régime catastrophes naturelles n’est pas exclue bien que la dernière en date ( loi du 28 décembre 2021) ne remette pas en cause le financement. Elle vise à assurer plus de transparence, à accélérer les procédures de reconnaissance et d'indemnisation. Elle permet également de prendre en compte les éventuels frais de relogement d'urgence des sinistrés de même que les frais d'architecte et de maîtrise d'ouvrage le cas échéant. Un décret doit intervenir pour préciser les mesures qui s'appliqueront au plus tard le 1er janvier 2023.

Toutefois, l'indemnisation des biens sont couverts n’intervient que si le sinistre est reconnu catastrophe naturelle par arrêté interministériel, une vétusté selon la nature des contrats d’assurance et une franchise sont appliquées.

Enfin, tous les biens ne sont pas assurables, cas de la voierie et des réseaux notamment pour les collectivités, des pertes d’exploitation pour le secteur économique (néanmoins, une assurance supplémentaire et volontaire peut être souscrite en dehors du régime des catastrophes naturelles).

Dans ce contexte, minimiser les dégâts devient un enjeu majeur tout autant que faciliter la reprise d’activité.

Quelques illustrations de dégâts sur des biens non assurables des collectivités 

Quelques illustrations de dégâts sur des biens non assurables des collectivités

Une mémoire qui s’estompe

Le dernier sondage « culture du risque »  effectué dans le cadre de l’observatoire du risque Noé en décembre 2020 par l'institut ENOV sur un échantillon de 1 514 personnes résidant dans le Gard et le bassin versant du Vidourle, démontre que la mémoire du risque s’estompe :

  •  40%  des personnes interrogées jugent ce risque moins important que par le passé (en cause :réalisation travaux de prévention et de protection et l’absence d’évènement majeur à caractère départemental à l’exception des crues de septembre 2020 ?)
  • 69 % ignoraient avant l’inondation qu’ils habitaient en ZI.
  • 23% déclarent avoir équipé leur logement contre le risque inondation.

Pour en savoir plus sur le sondage, consultez le rapport détaillé ci dessous :

Réduire la vulnérabilité : quels objectifs ?

  • Protéger les personnes : En premier lieu, il convient de s’attacher à la préservation des vies humaines car les victimes des inondations sont encore trop nombreuses et résultent souvent de mauvais comportements tels que le franchissement des barrières sur les routes inondées, la descente dans les parkings souterrains ou les caves. Des efforts importants sont conduits en terme de communication pour inciter chacun à adopter les bons réflexes et être acteur de notre propre sécurité. La MIIAM a accompli, à ce titre, un travail exemplaire en terme d’outils de vulgarisation pour favoriser les bons comportements. Au-delà de la protection immédiate et du sauvetage, il convient aussi de s’attacher aux effets indirects (traumatisme, épidémie ..) mais aussi de favoriser la mise en œuvre de mesures structurelles (création d’espace refuge..) voire ultimes telles la délocalisation. 
  • Réduire les dommages aux biens qu’ils soient directs ou indirects (perte d’exploitation, d’image, de notoriété...) sans omettre ceux engendrés sur l’environnement ou le patrimoine culturel.
  • Faciliter le retour à la normale : pour ne plus être dépendant et retrouver le plus rapidement possible à minima, son niveau de fonctionnement antérieur. 

Sur quels enjeux intervenir ?

Les règlements des PPRi, dans leur titre IV, fixent les obligations et recommandations de réduction de la vulnérabilité sur l'ensemble des enjeux préexistants au moment de l'approbation du PPRi, selon les niveaux d'aléas. La prise en compte des enjeux environnementaux (ZNIEF, Natura 2000..) et patrimoniaux (musées, bâtiments remarquables..) ne font pas l'objet d'une rubrique spécifique à ce jour dans les PPRi mais sont pris en compte de manière indirecte dans différentes mesures. 

Les logements

Des opérations collectives sont menées sur les bassins versants permettant d'accompagner les particuliers dans les démarches de réduction de la vulnérabilité de leur logement (diagnostic, dossier de subvention jusqu'au paiement). Il s'agit ici du dispositif qualifié d'ALABRI (Accompagnement pour L'Adaptation de votre Bâti au Risque Inondation). 

Pour aller plus loin, consultez la page dédiée Je protège mon logement et mes biens

Réduire la vulnérabilité des bâtiments publics et réseaux

Les collectivités ont la possibilité de réaliser un diagnostic global de leurs bâtiments, activités voire certains réseaux pour dresser un état des lieux et mettre en place un plan d’action permettant de réduire leur vulnérabilité.

Ceci peut faire l’objet de financement notamment par le Fond de Prévention des Risques Naturels Majeurs (FPRNM) sous réserve notamment que la démarche soit inscrite dans un Programme d’action et de Prévention des Inondations (PAPI). Il en est de même pour la réalisation de certains travaux notamment ceux rendus obligatoires par le PPRI sur les bâtiments dits sensibles c’est-à-dire accueillant une population vulnérable (écoles, crèches, collèges lycées, EPHAD.) ou stratégiques c’est-à-dire ceux nécessaires à la gestion de crise (casernes, gendarmeries, pompiers, cellules de crise, centres d’accueil d’urgence …).

Réduire la vulnérabilité des activités économiques et agricoles

S’agissant du commerce, des entreprises et de l'agriculture, quelques mesures, en premier lieu, la réalisation d’un diagnostic plus ou moins dense, sont imposées dans les règlements des PPRi approuvés post 2002. Ceci peut ouvrir le droit à certains financements via le FPRNM pour les entreprises (y/c activité agricole) de moins de 20 salariés.

Dans certains cas, un accompagnement collectif peut être proposé afin d'aider les entreprises et/ou le secteur agricole, dans la réalisation de leur diagnostic, le choix des mesures voire même la réalisation d'un plan d'organisation et de mise en sécurité . C'est le cas de l'EPTB Vistre et de l'EPTB Gardons qui portent une telle démarche pour les entreprises de moins de 20 salariés . Par ailleurs la Chambre d'agriculture  accompagne aussi les agriculteurs dans le cade du plan Rhône. 

Pour en savoir plus, consultez la rubrique Je protège mon entreprise, mon exploitation agricole

Quelques illustrations de dégâts sur le secteur économique